Le crowdfunding pas contaminé par la Covid
En dépit de l’épidémie de coronavirus, les volumes collectés par le financement participatif ont nettement progressé en France sur les six premiers mois de l’année.
Le crowdfunding (littéralement le « financement par la foule », en français) ne souffre visiblement pas des règles de distanciation sociale. D’après les données rendues publiques le 25 septembre 2020 et recueillies par Financement Participatif France (FPF) auprès de 52 plateformes numériques adhérentes de l’association (*), les montants collectés par ces acteurs se sont élevés, en cumulé, à 320 millions d’euros sur la période comprise entre janvier et juin derniers.
Comparés à la collecte de 239 millions d’euros enregistrée au 1er semestre 2019, les volumes s’inscrivent en hausse de 34% en glissement annuel. Une performance d’autant plus remarquable que le 1er semestre 2020 comprend les deux mois de confinement. Certaines plateformes Internet de financement P2P (pour « peer to peer », qui signifie de « pair à pair ») ont d’ailleurs dû cesser leurs activités pendant la mise en isolement généralisé de la population française pour endiguer la propagation de l’épidémie de coronavirus.
Relance post-confinement
Heureusement, « la relance post-confinement [a été] réelle, en particulier pour l’emprunt obligataire », constate FPF. Or, avec 224,2 millions d’euros collectés, les obligations (des créances levées par des entreprises directement auprès d’investisseurs particuliers) représentent à elles seules un peu plus de 70% de la collecte de crowdfunding réalisée sur les six premiers mois de l’année.
En dépit de la crise sanitaire et économique engendrée par le Covid-19, les plateformes de dons se maintiennent.
Certaines d’entre elles ont, il est vrai, profité des collectes solidaires et de soutien au personnel soignant. Avec 43,4 millions d’euros (29,7 millions d’euros pour les dons avec contrepartie et 13,7 millions d’euros pour les dons sans contrepartie) collectés, ces plateformes – dont les plus connues sont KissKissBankBank et Ulule – ont généré près de 14% de la collecte du 1er semestre.
Investissements risqués
En définitive, les seuls acteurs du crowdfunding à être affectés par la pandémie sont ceux positionnés sur les prêts rémunérés. Non seulement les entrepreneurs gèlent leurs projets d’investissement (acquisition de matériel, agrandissement des locaux, recrutement de nouveaux collaborateurs…), mais les particuliers sont moins enclins à prêter (moyennement le versement d’intérêts) à des entreprises, souvent petites et qui peuvent faire faillite compte tenu de la dégradation de la conjoncture économique. Avec 25,7 millions d’euros collectés, les plateformes de prêts rémunérés (ou « crowdlending »), comme credit.fr, PretUp, Les Entreprêteurs ou Lendopolis, ont engendré à peine 8% de la collecte semestrielle.
Les 8% restants se partagent entre les plateformes de minibons (reconnaissances de dettes), de capital (prise de participation) ou de royalties (partage du chiffre d’affaires), telles que Happy Capital, Anaxago ou WiSEED. Ce type d’investissement s’inscrit sur le long terme et présente des risques élevés. D’une manière générale, les particuliers doivent avoir conscience que le crowdfunding d’investissement (ou « crowdequity ») n’offre aucune garantie de rendement, ni de capital.