Baromètre des tendances sur les marchés financiers de Mai 2022
Au troisième mois de l’invasion russe, l’optimisme quant à une résolution du conflit faiblit, et la situation s’enlise. Les sanctions se renforcent du côté de l’Union européenne, et portent cette fois-ci sur l’arrêt pur et simple des importations d’hydrocarbures russes. L’inflation continue sa folle ascension de part et d’autre de l’Atlantique, et force les banquiers centraux à durcir une fois de plus le ton. Après des mois de discours rassurant sur une « inflation transitoire », la Federal Reserve a entériné ce mercredi 4 mai un cycle de normalisation plus agressif (+0.50%) afin de rattraper son retard. Le risque covid, relégué au second rang depuis le début de l’année, fait son grand retour sur l’échiquier mondial en entraînant la paralysie de l’économie chinoise. Les confinements successifs dans les villes majeures du pays ont entraîné de nouvelles tensions sur les chaînes de production et d’approvisionnement, laissant présager l’apparition de nouvelles pénuries.
LES TOPS DU MOIS | LES FLOPS DU MOIS |
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L’allocation tactique
Source : Partenaire EOS ALLOCATIONS – Conseil indépendant en allocation d’actifs
Les informations présentées ici ont un caractère exclusivement indicatif. Elles ne constituent pas un conseil en investissement. Les informations n’ont aucune valeur contractuelle et la responsabilité de Ciméa Patrimoine ne saurait être mise en cause en raison de son contenu. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Les investissements présentent notamment un risque de perte en capital. Il convient de vous rapprocher de vos conseillers financiers, juridiques et fiscaux qui procéderont à une analyse de votre situation.
ACTIONS : en panne d’inspiration, les marchés peinent à garder le cap
Optimistes en début de mois quant à l’avancée des négociations entre Kiev et Moscou, les principales places boursières ont rapidement perdu leur enthousiasme. C’est au pays de l’Oncle Sam que le décrochage est le plus spectaculaire : le Dow et le S&P 500 ont vécu leur pire mois d’avril depuis 1970, tandis que le NASDAQ chute de plus de -13%, sa plus forte baisse mensuelle depuis octobre 2008. Dans un contexte de marché baissier, l’Europe (-1.8%) fait mieux que son voisin américain (-3.2%). Les émergents (-5.78% MSCI EM), dépendants de la bonne marche de l’économie chinoise, plongent à nouveau en raison du chaos sanitaire dans les principales villes du pays. Sur le Vieux Continent, les investisseurs ont privilégié les secteurs défensifs comme la consommation de base, qui signe son grand retour (+3.93%), ou les services aux collectivités (+2.72%), portés par les nouveaux enjeux liés à la souveraineté énergétique. L’énergie n’est pas en reste (+3.45%), et bénéficie toujours de l’envolée du prix des hydrocarbures. À contrario, les valeurs technologiques, plombées par les perspectives de hausse des taux, signent la plus mauvaise performance du mois (-7.31%), tandis que les financières (-4.10%) et la consommation discrétionnaire (-3.53%) les accompagnent dans leur chute.
OBLIGATIONS : marché sous pression, un atterrissage en douceur est-il encore possible ?
Les marchés obligataires s’agitent, à mesure que les perspectives économiques et monétaires s’assombrissent. Symbole de cette nervosité, la courbe des taux américaine s’est inversée succinctement en début de mois, semant un vent de panique chez les investisseurs qui y ont vu un signe avant-coureur de récession.
Dès lors, entretenus par le discours normalisateur des banques centrales de part et d’autre de l’Atlantique, les taux poursuivent leur spectaculaire ascension. Le 10 ans américain enregistre une hausse de +0.6% et atteint les 3% pour la première fois depuis 2018 , soit le double de ses niveaux du début d’année. Le Bund, en territoire négatif deux mois auparavant, remonte quant à lui de près de +0.4% pour dépasser la barre symbolique des 1%, tandis que l’OAT à 10 ans français progresse de son côté de +0.46%. Sur le marché du crédit, les émetteurs font preuve de prudence face aux conditions économiques incertaines. Dès lors, peu de mouvements significatifs sont à signaler, et le segment High Yield (qualité médiocre mais rendement élevé) n’a ainsi enregistré aucune émission depuis deux mois, soit la plus longue période depuis 10 ans ! Enfin, les spreads (primes liées au risque de crédit) se sont de nouveau écartés, avec un mouvement plus marqué sur le segment Investment Grade (signatures de qualité) que sur le High Yield.
MATIERES PREMIERES : l’énergie flambe, les métaux refroidissent
Dans un contexte encore fortement marqué par le conflit russo-ukrainien et les sanctions occidentales envers Moscou, les matières premières signent un nouveau mois de forte hausse. Ainsi, le prix du gaz naturel flambe (+28.39%), alors que l’Union européenne a acté le refus du paiement en roubles du gaz russe, et s’apprête à tourner le dos au Kremlin pour se diriger vers le GNL américain. La tonne de blé se négocie +5% plus chère, après les menaces de canicule pesant sur la production indienne, second producteur mondial après l’Ukraine.
L’or noir, impacté par la dégradation des perspectives économiques chinoises, freine à nouveau sa course mais de manière hétérogène. Si le pétrole de la mer du Nord affiche une légère hausse de +1.33%, son homologue américain remonte de +4.40% sous l’effet de la résorption des stocks excédentaires faisant grimper les prix. Le fioul quant à lui signe la plus forte hausse du mois : + 29.54%, soit plus du double de son prix du début d’année.
Du côté des métaux précieux, la ferveur des derniers mois s’estompe peu à peu. Le métal jaune cède – 1.90%, sur fond de resserrement monétaire, tandis que le cuivre et l’argent clôturent le mois en baisse de respectivement -7.7% et -8.2%, en raison d’une baisse de la demande chinoise lourdement impactée par les restrictions sanitaires.
Macro-économie
Source : Partenaire EOS ALLOCATIONS – Conseil indépendant en allocation d’actifs
A l’image du mois dernier , l’inflation continue de surprendre à la hausse et ne semble pas prête de faiblir : +7.5% en Europe et +8.5% aux Etats-Unis. La publication des chiffres de la croissance américaine au premier trimestre (-1.4%!) est venue doucher les espoirs d’une économie qui affichait pourtant de beaux signes de résilience. Dès lors, l’étau se resserre pour les banquiers centraux, qui cherchent à éviter de se retrouver “behind the curve” c’est-à-dire de ne pas procéder à une hausse trop rapide des taux dans leur lutte contre l’inflation. Si Christine Lagarde reste volontairement évasive sur le calendrier de la BCE, Jerome
Powell a quant à lui enclenché une seconde hausse de +0.50%, à savoir le plus gros tour de vis depuis mai 2000. En parallèle, l’euro poursuit sa chute face au billet vert en cédant plus de -7% depuis janvier 2022 et commence à menacer de plus en plus l’économie du Vieux Continent : de fait, le renforcement du dollar augmente mécaniquement le coût des matières premières importées et participe à l’aggravation de la hausse des prix.
L’activité chinoise a subi sa deuxième plus sévère contraction depuis février 2020 et le début de la pandémie. Après Shenzhen et Shanghai, la stratégie zéro-covid menace désormais Pékin, alors qu’environ 70% du PIB est déjà impacté par les restrictions sanitaires.
Préconisations
GÉNÉRAL
- Positifs : Valorisations en forte baisse. Pessimisme des investisseurs, point de capitulation?
- Négatifs : stagflation + ralentissement Chine + Crise énergétique et géopolitique + banques centrales
CONCLUSION : macro-économie et politiques monétaires deviennent très négatives. Urgent d’attendre. Repositionnement uniquement sur fort repli.
ACTIONS
Préférence pour l’Asie (valo/contrariant) et l’Europe (value).
Secteurs :
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Value/bancaires (hausse des taux)
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Santé (croissance + défensif)
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Environnement (notamment renouvelables)
OBLIGATIONS SOUVERAINES
Pays développés: à fuir!
Pays émergents : rendements attractifs mais le segment est plus fragile que celui des pays développés donc risqué en temps de crise.
OBLIGATIONS ENTREPRISES
Les primes de crédit redeviennent attractives.
MATIÈRES PREMIÈRES
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Tensions géopolitiques + Coronavirus + Taux de rendement réels négatifs = environnement favorable à l’or.
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Les plans de relance massifs sont positifs pour l’or.
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Globalement la reprise est positive pour l’ensemble des matières premières.
À surveiller
Obligataire:
Jusqu’où peut aller la remontée des taux?
Émergents :
Où s’arrêtera la politique “zéro-covid” de Pékin ? Les perturbations des chaînes de production et d’approvisionnement seront-elles temporaires ou annoncent elles une période de mise en retrait de l’économie chinoise ?
Matières premières :
L’Europe arrivera-t-elle à se passer des hydrocarbures russes ? Le cas échéant, quels délais/partenaires pour arriver à l’indépendance énergétique ?
Pour décrypter l’actualité financière du moment et faire les meilleurs choix en termes d’investissements, contactez nos experts Ciméa Patrimoine :
Source : Partenaire EOS ALLOCATIONS – Conseil indépendant en allocation d’actifs