Les Français méconnaissent les placements solidaires
À peine 5% des sondés disent connaître avec précision les produits financiers responsables, d’après une étude de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).
Voilà un sondage qui tombe mal en pleine semaine de la finance responsable. L’Autorité des Marchés Financiers, le gendarme de la Bourse de Paris, a publié le 26 septembre 2019 (jour de lancement de la semaine) une étude montant à quel point les placements responsables sont méconnus des Français. Selon cette enquête réalisée auprès de 1.028 personnes âgées de 18 ans et plus, seulement 5% des répondants déclarent connaître « avec précision » ce type de produits financiers.
En cumulant les réponses « avec précision » et « dans ses grandes lignes », 26% des sondés disent connaître les placements solidaires, 24% la finance durable, 22% les placements verts, 21% l’investissement socialement responsable (ISR) et 16% l’investissement ESG (respectant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Il faut dire qu’avec toutes ces appellations, très proches les unes des autres, il y a de quoi y perdre son latin.
La moitié intéressée pour en savoir plus sur les placements solidaires
Pour rappel, les placements solidaires sont tout ou partie directement investis dans des structures à caractère durable ou éthique, tandis que la finance durable est un pan de la finance qui s’attache à prendre en compte des critères ESG, les placements verts servent à financer des projets contribuant à la transition écologique (énergies renouvelables, efficacité énergétique, gestion durable des déchets…) et l’ISR regroupe des fonds investis dans des entreprises respectant les critères ESG.
L’investissement ISR et l’investissement ESG sont donc des concepts analogues.
Cette méconnaissance à l’égard des placements responsables est d’autant plus dommageable que 50% des individus interrogés seraient intéressés pour en savoir davantage sur ces produits.
Parmi eux :
- 35% préfèreraient obtenir ces informations par l’intermédiaire, en premier lieu de leur banque
- 18% par les médias,
- 11% par des organismes publics,
- 11% par une association de consommateurs ou d’épargnants,
- 8% par des blogs, forums sur Internet ou réseaux sociaux,
- 7% par leur assureur et
- 6% par un conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGPI).
Les jeunes et CSP + les plus en pointe
Toutefois, si les Français semblent vouloir mieux connaître les placements responsables, pas sûr pour autant qu’ils finissent par en souscrire. Seulement 41% des personnes sondées trouvent ce type de produits financiers intéressants, dont à peine 8% « très intéressants ». Ce sont les jeunes qui figurent parmi les plus intéressés. 57% des 18-24 ans et 53% des 25-34 ans jugent intéressants les placements responsables. Les populations aisées manifestent également un intérêt plus marqué (47% des CSP +, contre 39% pour les CSP -).
Plus étonnant : s’ils devaient réaliser un placement responsable, 32% des sondés préféreraient choisir en direct par eux-mêmes les actions ou obligations à l’aide d’une liste d’entreprises validées comme responsables et seulement 19% feraient confiance à un gestionnaire de fonds. Mais ce qui surprend le plus dans l’étude de l’AMF, c’est la défiance vis-à-vis des labels (label ISR, Greenfin, écolabel…). À peine 7% des répondants leur font confiance. 35% des méfiants leur reprochent leur manque de transparence, 31% le flou dans leurs principes de gouvernance, 29% la confusion avec d’autres labels et 20% des critères de sélection pas clairs.
Source : www.amf-france.org